Chaotique ou Dogmatique ?

Dans quel état se trouve votre vie digitale ? Que faire de toutes ces informations glanées au fil de nos lectures, de nos recherches et de nos échanges ?

Toute démarche ou réflexion stratégique se nourrit avant toute chose d’information. Et c’est aujourd’hui la chose la plus commune, la plus pléthorique, mais aussi la moins discriminée qui soit. Chacun (moi le premier dans ces lignes) y va de sa plus ou moins modeste ou légitime contribution à la grande bibliothèque de l’Internet…

Entre un dossier de favoris résolument vide et une accumulation de bookmarks et de logiciels de stockage (résidents ou hébergés) en tout genre, dans lesquels s’agglutinent quelques mégas de choses sur lesquelles nous ne reviendrons jamais ou que nous prenons un temps infini à trier pour n’en faire finalement qu’un usage modéré, y-a-t’il quelques bonnes pratiques que nous puissions retenir ?

Il y a bien des informations utiles dans ce maelstrom qui nous percute chaque jour, qu’elles le soient immédiatement ou plus tard. Elles nous servent à réfléchir, comparer, justifier nos choix, conforter nos décisions, pour autant que nous soyons sûrs de leur « véracité » et que nous sachions en faire bon usage.

Il y a donc deux grandes catégories d’informations qu’il nous faut considérer : celles qu’on stocke (et dont on ne fait généralement rien, jusqu’à les oublier à force de ne jamais s’en servir) et celles dont on se sert.

Chez les chefs d’entreprises avec lesquels nous travaillons, ce ne sont pas tant d’informations dont il s’agit, mais d’idées, de sujets de réflexion qui déterminent le choix de les conserver ou de les ignorer.

Cet extraordinaire capacité de l’internet à nous abreuver d’informations et les méthodes plus ou moins habiles de leurs auteurs à nous « contraindre » à les lire, doit nous amener à considérer le « stockage » d’information à l’aune de notre propre fonctionnement cérébral. Et l’autonomie, dans cette matière, c’est-à-dire, la capacité à rester vigilant, discriminant et ne se laisser influencer que par celles de ces informations dont nous soyons sûrs de les avoir bien comprises, analysées, digérées et transformées en « données » intellectuellement utiles, est la clé de la démarche.

Un second cerveau

La formule est de Tiago Forte, fondateur du Lab éponyme, lequel dans son livre « Extend your Brain » suggère une méthode d’élaboration d’archives de connaissance, utile et durable. S’il qualifie ce recueil de mémoire de « second cerveau », c’est bien parce que l’irresistible envie qui nous prend souvent de « stocker » dans des listes ininterrompues de bookmarks, ces informations qui nous intéressent, c’est parce qu’il suggère que notre bibliothèque digitale soit le miroir de notre propre cerveau.

Le boomarking, la prise de note, traditionnelle ou digitale, relève d’une double nécessité : celle de stocker de l’information et d’en faire usage. L’une est statique l’autre dynamique. Comment alors trouver puis décongeler ce qui a été mis de côté pour en faire un usage profitable. Comment passer de l’information à l’idée, celle qu’on peut faire sienne, à condition toutefois de l’avoir passée au tamis de notre propre intelligence.

Il s’agit avant tout de compiler les sources de nos réflexions, de nos idées. Nous avons besoin « d’entrées » pour produire des « sorties ». Nous avons besoin d’inspirations pour produire des idées originales. C’est pour cela que nous stockons de l’information. Encore faut-il que cette accumulation produisent des résultats satisfaisants.

Stockage

La raison pour laquelle on conserve une information est bien souvent qu’on la trouve intéressante, mais surtout que nait l’intuition qu’elle puisse nous être utile un jour. La brutale réalité, pour qui, un jour de pluie ou de désoeuvrement, s’est trouvé le désir d’aller mettre de l’ordre dans les bookmarks de son navigateur favori, ou dans l’une des grandes applications conçues pour emmagasiner notre mémoire numérique (Evernote, Notion, etc…), c’est que ça ressemble plus à un cimetière qu’à une fête foraine.

Le voyage au pays des archives se transforme bien souvent en autodafé compulsif et inquiet, partagé entre la conviction de pulvériser l’inutile et la crainte de perdre quelques petites.

Usinage

Il existe une alternative, qui certes prend du temps, au moins dans ses débuts, mais transforme cette matière, inerte dès qu’elle est stockée, en une prodigieuse usine à exercer la pensée. Elle consiste à transformer, utiliser, dynamiser les notes et les informations stockées. Chez Chartered Creative, nous sommes tombés depuis longtemps (l’université pour certains) dans le bain de la méthode Zettelkasten, élaborée par le sociologue allemand Niklas Luhmann au moyen de fiches en carton rangées dans des boites en bois (d’où son nom).

La réflexion stratégique étant fondamentalement systémique, l’organisation des idées en est la colonne vertébrale. Pour s’y livrer, il convient d’adopter une méthode, et d’y adjoindre des outils. 

Dans un prochain post, nous vous dirons pourquoi le logiciel Obsidian est devenu celui dont nous nous servons le plus…