C’est un enjeu bien connu de tous les entrepreneurs que la première levée de fonds. La « littérature » et le web regorgent d’informations sur le sujet et les Institutions qui soutiennent la création d’entreprise offrent des insights de qualité que les créateurs d’entreprise auraient tort négliger :

– BPI : les business angels

– FNBA : FranceAngels

Reste que l’on rencontre parfois, voire souvent, chez nos interlocuteurs entrepreneurs une certaine tendance à l’angélisme dont ils doivent se méfier. Cela tient sans doute à la charge symbolique des termes de « Business Angel », traduit généralement par « Investisseur providentiel ». Il serait faux d’imaginer que le Ciel ou la Providence soient fondamentalement inspirateurs de l’intéret que votre entreprise pourrait susciter chez tel ou tel B.A.

A ce titre, le financement recherché par cette voie se distingue bien de ce qu’il est convenu d’appeler le « Love Money », généralement constitutif du premier capital, qui associe aux fondateurs, leurs familles et leurs proches, lesquels n’ont pas  nécessairement besoin d’un business plan, d’un business modèle ou d’un Lean canvas pour vouloir les aider. 

Dans B.A. il y a « Business » et c’est ce qui fait tout l’intéret de cette « institution ». A ce titre, s’agissant d’investisseurs qui risquent leur propre argent, il est non seulement naturel, mais aussi rassurant, qu’ils soient exigeants en matière d’information et qu’il posent comme préalable de pouvoir apprécier les aspects les plus cruciaux des projets qui leur sont soumis. Souvent entrepreneurs eux-memes, ce n’est pas seulement leurs capacités financières qu’il faille considérer mais leur vocation à accompagner les porteurs de projet dans les premières années de leurs activités. Au-delà, ils s’appretent à prendre des risques considérables qui justifient à eux-seuls les précautions qu’ils prennent.

Rappelons quelques chiffres démystificateurs du long mantra médiatique qui s’ingénie à laisser croire que l’économie du 21ème siècle soit celle des start-ups : 

– Dans son rapport d’activité 2015/2016, l’Agence du numérique recensait en France 9.400 startups (sur 554.000 créations d’entreprises en 2016), dont 35% dans la Région parisienne.

– En février 2020, KPMG Pulse recensait plus de 10.000 Start-up, en augmentation de plus de 20% par an.

La première chose à retenir est donc que n’est pas start-up qui veut ou qui croit. Elles ne représentent que 1,69% des créations d’entreprises. Il faut donc s’assurer que l’on est légitime à se revendiquer start-up avant de penser aux Business Angels. (Nous reviendrons d’ailleurs sur ce qu’il faut définir par « start-up » dans un prochain blog).

La seconde c’est que le rapprochement du taux de croissance annuel et le nombre de start-up en activité révèle une réalité assez cruelle du segment : celle de son taux de survie, ou de son taux d’échec. On peut fréquemment lire que le taux d’échec des start-up est de 90%, ce qui nous parait très exagéré, et trop flou pour etre retenu comme une certitude de mauvais augure. Certaines estimations plus documentées le situent entre 65% et 70%. KPMG estime à 40% le taux de faillite des start-up « non accompagnées » et à 20% celui des start-up « accompagnées ». Quelque soit le chiffre retenu, le taux d’échec reste particulièrement élevé et frappe ces entreprises dans leurs toutes premières années d’existence. 

La raison la plus fréquente de ces échecs n’a rien d’original, malheureusement, et ne distingue pas tant que ça, les start-up des entreprises qui n’en sont pas : il s’agit de l’impossiblité de trouver un marché. Et cela relève d’une sorte de faille sociologique qui a longtemps crédité les start-uppers d’une capacité innée à etre des chefs d’entreprises. 

C’est là, surtout, que le role réservé aux Business Angels prend tout son sens. C’est là qu’il faut voir l’intéret d’en rechercher, à la condition de rencontrer le bon, celui qui convient à la fois au projet et au(x) porteur(s) de celui-ci. A ce stade, il ne faut surtout pas souhaiter qu’il soit, ni se comporte en Ange, parce que ce serait se priver de tout ce que la participation d’un B.A. pourrait avoir de bénéfique pour l’entreprise naissante.

Ainsi, d’un point de vue stratégique, une fois considéré l’intéret d’une recherche d’investisseurs B.A., l’enjeu majeur est d’identifier celle, celui ou ceux qui, au-delà de leur contribution au capital, seront en mesure d’accompagner le(s) dirigeant(s) dans ces années les plus importantes de leur jeune entreprise. C’est donc à un casting bilatéral qu’il va falloir se livrer.

Tout le monde s’ingénie à expliquer aux startuppers comment élaborer les documents requis pour séduire les business angels et comment pitcher leur projet pour « céder » (ce terme est employé à tort, puisqu’ils interviendront dans le cadre d’une augmentation de capital) une fraction de leur capital à la meilleure valorisation possible. Mais il importe d’étudier tout autant ce que le business angel lui-meme promet d’apporter, au-delà de ses deniers, aux entrepreneurs et à l’entreprise, du moins pendant qu’il envisage de rester au capital. Parce qu’il ne faut pas négliger que la plupart des Business Angels ne s’inscrivent pas dans une perspective de long terme et prévoient, majoritairement, de « sortir » à la première levée de fonds (c’est-à-dire à la première re-valorisation) significative.

Alors pourquoi imaginer que les Business Angels soient des Anges ? Leurs intentions qui ne sont en rien « angéliques », sans etre inavouables ou suspectes, sont les meilleures garantes de l’intéret de leur intervention au capital. Il s’agit pour cela de ne pas négliger de bien les choisir, sans sacrifier par manque de préparation, à l’urgence de trouver des fonds.